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Depuis quelques années, les acteurs publics et privés s’intéressent à un nouveau mode d’organisation de production et distribution d’énergie : la boucle autonome locale. Ce concept assez large correspond à un système énergétique impliquant la production, la consommation, le stockage et le partage au sein de communautés de producteurs et de consommateurs.

Plutôt que de dépendre d’énergies fossiles et d’importations, une communauté peut développer en propre un système énergétique renouvelable basé sur des ressources comme le soleil, le vent ou la biomasse. Cette énergie utilisée localement alimente ainsi des infrastructures, des entreprises ou des logements. L’excédent peut être stocké ou partagé avec d’autres parties prenantes de la communauté. Le système est ainsi local, et durable.

Une boucle énergétique locale, quels intérêts ?

Ces boucles répondent à plusieurs enjeux pour le siècle à venir. D’abord un enjeu sanitaire de baisse des émissions de GES. Un enjeu économique de réduction de la dépendance énergétique et à la volatilité des prix. Ensuite, elles favorisent des retombées économiques locales pour le territoire corrélé à une volonté de consommer local croissant dans tous les domaines. Enfin, elle permet de sécuriser sa production. Si un acteur est rattaché à une multitude de systèmes énergétiques indépendants qui sont en autoproduction, le risque est réparti en cas de difficulté sur un poste de production.

Comment fonctionne-t-elle ?

Il existe différents types de boucles ouvertes ou fermées. Elles peuvent exister à l’intérieur d’un même bâtiment, entre plusieurs infrastructures ou au sein des quartiers. Prenons un exemple : une entreprise a besoin de chaleur tandis que sa voisine utilise du froid pour fonctionner. Elles peuvent donc se relier pour récupérer l’énergie non utilisée.

Un projet de cette nature a été mis en place à Vienne Condrieu Agglomération. Dans le cadre du Territoire à énergie positive (TEPOS), des études approfondies ont été menées pour y propulser le développement des énergies renouvelables. Au cœur de cette initiative, l'usine Yoplait, émettant une chaleur fatale jusqu'alors inexploitée. À une température avoisinant les 45 degrés, cette précieuse source de chaleur est captée, puis élevée à 90 degrés avant d'être distribuée aux 790 logements appartenant à un bailleur social. Ce système se traduit par un impact économique positif pour les consommateurs. La concrétisation de cette boucle énergétique novatrice a représenté un investissement d'un million d'euros, soutenu notamment par des subventions de l'Ademe.

Quels accompagnements ?

Un tel système implique une pluralité d’acteurs : industriels, aménageurs, bailleurs sociaux, collectivités territoriales, citoyens, investisseurs financiers et opérateurs d’énergie. En effet, il faut bien avoir conscience que l’on ne crée par une boucle énergétique seul. L’intervention d’un facilitateur entre les acteurs publics et privés, qui n’ont pas forcément l’habitude de dialoguer s’avère souvent indispensable.

Un accompagnement sur les aspects économiques, techniques et juridiques des projets permet d’accélérer la mise en œuvre du projet et abouti à l’estimation des coûts d’investissement, les quantités d’énergie qui pourront être produites et leur prix de vente.  Les études de stratégie amont permettent par ailleurs d’estimer au plus juste les gisements.

Les projets de boucles énergétiques font l’objet de montages souvent complexes. Pour une collectivité souhaitant revendre l’énergie des panneaux photovoltaïques de bâtiments publics, un certain nombre de questions doivent se poser au préalable : qui possède la toiture, les panneaux ? qui gèrera la concession ? qui seront les abonnés ? quelles retombées pour la collectivité ?

L’intérêt économique majeur d’une telle opération, pour chacune des parties prenantes, est d’aboutir au prix de sortie le plus faible possible pour le consommateur.

Quelle vision pour l’avenir ?

La notion de boucle d’autoconsommation n’est pas récente, mais elle devient rentable depuis l’explosion des coûts de l’énergie. Nous avons observé une bascule ; il devient à présent souvent plus économique de produire et d’autoconsommer.

Cet argument du prix est prégnant pour le développement des énergies renouvelables, tant que le prix du marché reste supérieur à certain prix de sortie. Si le prix de marché redescend, il y a matière à réflexion. Mais il faut toutefois noter qu’un prix fixe dans la durée est aussi un argument de poids. Il est bénéfique pour un consommateur de ne pas avoir de surprise concernant la volatilité des prix. Lorsque que l’on est producteur et auto-consommateur, le prix est connu d’avance pour les 30 prochaines années, ce qui n’est pas le cas sur les marchés.

Aujourd’hui, des collectivités et EPL type sociétés d’économie mixte (SEM) s’interrogent sur le fait d’intégrer des boucles locales dans leur projet. Un double défi s’offre aux acteurs publics et privés : développer massivement les énergies renouvelables en les combinant à un système de boucle énergétique locale efficace.