Objectif ZAN : passer de la conscientisation à l’action

Date de publication 04 décembre 2025

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Quatre ans après son apparition dans le paysage réglementaire, le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) n’est plus un simple acronyme technocratique. Il s’est immiscé dans le quotidien des élus, des aménageurs, des bureaux d’études, et bouscule désormais les façons de penser le territoire. La quatrième édition du livre blanc Objectif ZAN, publié par le groupe SCET et intitulé « De l’expérimentation à un nouveau modèle », s’appuie sur une enquête menée auprès de 269 acteurs de terrain pour dresser un constat clair : la prise de conscience est réelle mais la mise en route encore sinueuse. 

Un changement culturel est perceptible 

Dans les collectivités, le mouvement est enclenché : plus de 70% des acteurs affirment que les documents d’urbanisme ont commencé à être révisés pour intégrer les objectifs de sobriété foncière. Certains projets ont même été recalibrés pour devenir « ZAN compatibles ». Mais derrière cette dynamique, la réalité économique frappe – dépollution, renaturation, reconversion – et les outils financiers ne suivent pas encore. 

Pour autant, un changement culturel est perceptible. Comparée à 2024, l’édition 2025 enregistre un bond de 9 points dans les retombées positives observées : regain d’intérêt pour les friches, nouvelles méthodes de pilotage, montée en puissance de démarches s’appuyant sur la qualité des sols. Le ZAN oblige à regarder autrement ce que l’on considérait autrefois comme des marges ou des réserves sans valeur. « Changer de lunettes », résument plusieurs experts interrogés. 

De Ris-Orangis à Aubry

À Ris-Orangis (Essonne) par exemple, la démarche « Habiter la terre » a fait école : une cartographie pédologique détaillée oriente désormais les futurs projets urbains selon la richesse écologique des sols. Ailleurs, à Auby (Nord), une friche industrielle est redevenue un parc habité par la nature et les habitants. Le Cerema, très mobilisé, déploie de nouveaux outils comme SOFT (Stratégie d’Optimisation Foncière Territoriale) ou MUSE pour aider les collectivités à repérer leurs gisements fonciers et à mieux planifier leurs mutations. 

Le rapport met aussi en lumière les contradictions du moment. Deux tiers des territoires déclarent refuser des projets économiques faute de foncier disponible. Dans le même temps, la France devrait produire près de 300000 logements par an d’ici 2050 pour répondre à la demande. Comment concilier ces injonctions ? Le livre blanc insiste sur la nécessité d’élaborer de véritables stratégies foncières globales, articulant planification et opérationnel, capables de dépasser la simple logique de mise en conformité des PLU. 

Salves d’amendements

Au niveau national, la situation n’est pas plus stable. Depuis un an, chaque texte législatif semble donner lieu à sa salve d’amendements sur le ZAN, avec deux propositions de loi et des débats récurrents au Sénat comme à l’Assemblée. Le cadre évolue constamment. Face à ces turbulences, le livre blanc trace 12 pistes d’action destinées à guider collectivités, aménageurs et opérateurs privés. Parmi elles : massifier le recyclage et le renouvellement urbain, densifier et désimperméabiliser les zones d’activités, développer des montages fonciers de long terme, encourager les solutions immobilières verticales ou hybrides, ou encore mutualiser certains espaces comme le stationnement.

L’urgence d’un cadre financier

L’ADEME, de son côté, prépare l’arrivée d’une directive européenne sur les sols, prévue fin 2025, qui pourrait encore renforcer l’importance de ces démarches. Avec Planisols, elle expérimente d’ores et déjà un accompagnement dédié à la préservation des sols dans la planification locale. Les agences d’urbanisme, elles, rappellent l’urgence d’un cadre financier repensé pour soutenir la renaturation et les projets complexes. 

Au final, le document livre un message : le ZAN n’est pas une contrainte technique, mais un changement de manière de planifier. Il oblige à sortir des recettes standardisées de l’urbanisation extensive et à imaginer des projets plus sobres, plus fins, plus ancrés dans la réalité des sols et du « déjà-là ». La transition est exigeante, mais elle est déjà en marche. Pour de nombreux territoires, elle ouvre une opportunité rare de redéfinir l’aménagement à l’heure du dérèglement climatique et de la pression démographique.

Pour aller plus loin :

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Télécharger le livre blanc Objectif ZAN – De l’expérimentation à un nouveau modèle – 4e édition – Novembre 2025