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Crédit ©SCET
Face à la transition écologique, à la hausse des coûts de l’énergie et aux besoins croissants d’adaptation au changement climatique, la rénovation du patrimoine scolaire n'est plus une option : elle s'impose comme une priorité stratégique et multifacette pour les territoires.
Dans la continuité du programme EduRénov mené depuis plus de deux ans, la Banque des Territoires et le groupe SCET ont lancé le premier baromètre de la rénovation des écoles : un instrument destiné à mieux comprendre les attentes réelles des collectivités, à identifier les freins majeurs qui entravent la progression de la rénovation, et à analyser les premiers impacts concrets de ces travaux. Ce baromètre répond au besoin de disposer d'une vision claire et partagée de la situation, permettant ainsi aux collectivités d'ajuster leurs stratégies et aux partenaires d'affiner leurs politiques de soutien pour accélérer la transition.
La rénovation du patrimoine scolaire se situe à la convergence de nombreux enjeux majeurs. Pour mesurer l'ampleur de cette priorité, il suffit de considérer les chiffres du premier baromètre qui dresse un état des lieux de patrimoine éducatif français : 64000 établissements scolaires en France, représentant 157 millions de m², soit prêt d’un tiers du patrimoine immobilier public.
Premièrement, ce parc est profondément vieillissant : 80% des écoles ont plus de 50 ans, un facteur qui accroît naturellement les besoins de maintenance et réduit l'efficacité énergétique des bâtiments. Deuxièmement, ce patrimoine reste globalement très énergivore, générant une consommation excessive comparée aux standards modernes. La rénovation représente donc un moyen direct de maîtriser l'empreinte environnementale des collectivités et de réduire leur facture énergétique, un enjeu d'autant plus critique dans un contexte budgétaire serré où chaque euro compte. Troisièmement, la rénovation des écoles doit permettre d'adapter les bâtiments scolaires aux réalités du changement climatique : résister aux canicules extrêmes, améliorer l'isolation thermique et le confort intérieur, créer des espaces qui restent viables et habitables malgré les températures croissantes. Il s'agit d’offrir aux élèves, aux enseignants, à l’ensemble de la communauté éducative les meilleures conditions d’apprentissage.
Parmi les 296 collectivités participantes, 88% placent la rénovation scolaire parmi les priorités de leur mandat, et 84% ont déjà engagé des travaux au cours des cinq dernières années. Dans les trois prochaines, 90% prévoient de poursuivre leurs efforts. La tendance est à la rénovation et moins à la construction de nouveaux équipements : 77% des collectivités déclarent avoir privilégié la rénovation à la construction neuve.
Entre 2021 et 2024, environ 2600 rénovations ont été engagées chaque année. En prolongeant ce rythme, 32% du parc pourrait être rénové d’ici 2030, générant 130 millions d’euros d’économies annuelles – soit 10% de la facture énergétique des collectivités. Déjà, 66% des collectivités ayant rénové estiment avoir atteint leurs objectifs et 86% des usagers se disent satisfaits des travaux, en particulier lorsque les élèves et les parents ont été associés aux projets.
Pour le passage à l’échelle, quatre défis sont à relevés. Tout d’abord, le financement : pour 73% des collectivités, le financement reste le principal obstacle. L’identification des aides (54%), la hausse du coût (51%) et l’évaluation budgétaire (47%) sont les freins majeurs. Le prêt demeure un levier sous-exploité : seules 22% des collectivités des collectivités l’utilisent comme principale source de financement, les subventions restants dominantes (40%), surtout dans le bloc communal (47%).
Le deuxième défi concerne la monter en compétences : deux collectivités sur trois disent en avoir manqué, surtout sur le plan technique. Et une sur deux déclare une difficulté à arbitrer entre les scénarios de rénovation, d’où la nécessité d’un accompagnement renforcé.
Le troisième défi implique une meilleure connaissance du parc : 54% des collectivités n’ont qu’une vision partielle de leur patrimoine, 21% découvrent à l’audit un état plus dégradé que prévu. La connaissance fine du bâti est un préalable à toute stratégie efficace.
Enfin, la mesure de l’impact reste difficile à appréhender : une collectivité sur cinq ignore encore les effets réels de ses rénovations sur la consommation énergétique, faute d’outils de suivi. Parmi celles qui mesurent, 55% constatent une baisse supérieure à 40%.
De plus, les projections à 2030 indiquent que les élus subiront trois à cinq fois plus de jours de canicule qu’entre 1976 et 2005, notamment en PACA, Corse et Occitanie. Trois élus – Arnaud Deslandes (Maire de Lille), Kléber Mesquida (Président du Département de l’Hérault) et Frédéric Brunier-Framboret (Maire d’Albertville) – témoignent d’une mobilisation locale forte : planification pluriannuelle, participation des usagers, recours à la préfabrication, performance énergétique exemplaire. Arnaud Deslandes appelle à un « plan Marshall » pour massifier la rénovation et à une structuration des filières du bâtiment pour réduire les coûts et monter en compétence.
En conclusion, le baromètre révèle un mouvement engagé. Les collectivités ont enclenché la transition soutenue par EduRenov. Seulement, l’ampleur du patrimoine, la pression climatique et les limites budgétaires exigent une montée en puissance rapide. La rénovation du bâti scolaire apparaît comme un levier fédérateur de la transition écologique, par l’amélioration du confort des élèves tout en réduisant durablement l’empreinte énergétique et les dépenses publiques.
Pour aller plus loin :
Téléchargez le 1er baromètre de la rénovation des écoles