L’évolution de la place des femmes dans les conseils municipaux lors des élections de 2020

La révision constitutionnelle de 1999 et la loi sur la parité de 2000 promeuvent une plus grande égalité des femmes et des hommes dans l’accès aux responsabilité politiques : la présente publication apporte un éclairage sur la place des femmes dans les conseils municipaux issus des élections de 2020, alors que l’obligation de listes paritaires sera étendue aux communes de moins de 1 000 habitants lors du scrutin de mars 2026.

Les analyses se fondent principalement sur les données du répertoire national des élus avant élections et après élections. Elles sont également appariées aux données de l’Ircantec (le régime de retraite complémentaire des élus indemnisés), afin de distinguer les conseillers municipaux indemnisés des autres élus et de connaître le nombre de mandats déjà exercés sur des fonctions donnant lieu à une indemnité. 

Une participation des femmes inégale selon les mandats et disparate sur le territoire

La part des femmes dans les conseils municipaux élus en 2020 s’établit à 41,5 %, avec toutefois des écarts très marqués selon que l’on considère les maires (17,5 %), les adjoints (36,4 %) ou les conseillers municipaux (40,9 % chez les conseillers indemnisés et 45,8 % chez les conseillers non indemnisés). 

Dans les seules communes de plus de 1 000 habitants où les contraintes de parité s’appliquent, la part des femmes parmi l’ensemble des élus reste légèrement inférieure à la parité (48,4 %), avec des différences également marquées selon le type de mandat : 18,9 % parmi les maires contre 48,3 % parmi les adjoints et 50,4 % parmi les conseillers municipaux. 

Assez logiquement, la part des femmes est plus faible dans les conseils des communes de moins de 1 000 habitants, pour lesquelles aucune obligation de parité ne s’applique : elle atteint néanmoins 37,6 % dans ces communes. On observe par ailleurs des singularités géographiques : la part des femmes dans les conseils des communes de moins de 1 000 habitants est dans l’ensemble plus élevée dans les départements des régions Bretagne, Pays de la Loire, Centre Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Île-de-France, ainsi que dans la vallée du Rhône et sur une grande partie du littoral méditerranéen (graphique 1). 

Graphique 1. Part des femmes élues municipales par département après les élections de 2020
 

©Questions politiques sociales – Les études n°45

Les femmes disposent d’une moindre expérience que les hommes

L’analyse des trajectoires menant aux fonctions exécutives, notamment celles de maire, montre que les personnes devenues maires en 2020 ont dans la majorité des cas déjà occupé par le passé des fonctions d’élu indemnisé. Ainsi, 61,4% des maires élus en 2020 étaient déjà maires avant l’élection, et 16,3% étaient adjoints aux maires. Or les femmes disposent d’une moindre expérience que les hommes sur des fonctions d’élu indemnisé, ce qui peut diminuer leurs chances de devenir maires (tableau 1). 

Tableau 1. Ancienneté moyenne comme élu indemnisé en années selon le mandat exercé

©Questions politiques sociales – Les études n°45

Le turnover des femmes plus élevé que celui des hommes

Les femmes élues dans les conseils municipaux sont par ailleurs dans l’ensemble plus jeunes que leurs homologues masculins, notamment parce que l’engagement dans les conseils municipaux semble connaître un regain chez les hommes au moment du départ à la retraite, alors que rien de tel ne s’observe chez les femmes.

En outre, les femmes élues dans les conseils municipaux sont moins souvent reconduites que les hommes lors du scrutin de 2020 (sans que les données permettent de dire si elles se représentent moins souvent que les hommes ou si elles sont plus souvent battues lorsqu’elles se représentent). Pour autant, la part des femmes dans les conseils municipaux augmente de 2,3 points au moment des élections de 2020 car elles sont beaucoup plus nombreuses parmi les nouveaux élus que parmi les élus non reconduits ; en particulier leur part parmi les maires augmente de plus de 2 points (tableau 2). 

Le turnover des femmes est supérieur à celui des hommes pour l’ensemble des élus (63,5% contre 50,7 %), ce qui a également tendance à limiter leur expérience puisqu’elles sortent plus souvent du mandat qu’elles occupent.
On observe toutefois que la progression de la part des femmes parmi les élus au moment du scrutin de 2020 est concentrée chez les élus de moins de 55 ans : la part des femmes parmi les élus de 55 ans et plus stagne globalement et diminue même chez les adjoints de 55 ans et plus. La féminisation des conseils municipaux lors des élections de 2020, et notamment celle des fonctions exécutives, semble donc due essentiellement à un accès plus important des femmes des générations les plus jeunes (en l’occurrence nées après 1965, graphique 2). L’économétrie confirme toutes choses égales par ailleurs une probabilité plus élevée pour les femmes d’être élues lors de l’élection de 2020.

Tableau 2. Evolution de la part des femmes élues en 2020

©Questions politiques sociales – Les études n°45

Graphique 2. Part des femmes par tranche d’âges

©Questions politiques sociales – Les études n°45

Vous pouvez retrouver l’étude complète, réalisée par Marie Gaudier, Philippe Micallef et Laurent Soulat, « L’évolution de la place des femmes dans les conseils municipaux lors des élections de 2020 » dans Questions Politiques Sociales – Les études n°45, ainsi que les données des graphiques et tableaux sur le site https://politiques-sociales.caissedesdepots.fr/ à la rubrique Publications et statistiques. Y sont disponibles l’ensemble des publications de la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts. QPS – Les études a vocation à faire connaître les résultats des travaux d’études dans l’ensemble des domaines de la protection sociale (retraite, vieillissement, handicap…) et de la formation professionnelle. La collection est complétée par QPS – Les cahiers, qui est une série de documents de travail diffusant des études approfondies, et QPS – Les brèves, qui propose des éclairages statistiques.