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Dans le cadre de la journée mondiale des réfugiés, la DIAIR(1) et le HCR France (2) organisaient le 20 juin dernier une journée d’échanges sur les enjeux et les dispositifs dédiés aux bénéficiaires d’une protection internationale. L’occasion de mettre en valeur les réponses apportées par une multitude d’acteurs aux besoins de ce public vulnérable.

 


     
Depuis la crise migratoire de 2015, le nombre de personnes vulnérables arrivées en France est en augmentation forte et constante. Environ 308 000 personnes bénéficiaient en 2019 d’une protection internationale. Ce sont en grande majorité des réfugiés (80%), mais aussi des bénéficiaires de la protection subsidiaire (20%) et des apatrides (moins de 1%) (3). D’un point de vue politique, l’enjeu de leur intégration a fait l’objet, depuis 2017, de dispositifs successifs (« Plan migrants » en 2017, Stratégie nationale pour l’accueil et l’intégration des réfugiés, loi « Asile et immigration » et nomination d’un délégué interministériel à l’accueil et l’intégration des réfugiés en 2018).

Les difficultés rencontrées par les bénéficiaires d’une protection internationale pour l’accès à l’emploi sont très diverses. Cela nécessite une coordination importante des acteurs de l’accompagnement et un forte capacité d’adaptation de leur part afin de répondre aux besoins de façon individualisée. Le contrat d’intégration républicaine permet de poser la première brique du parcours d’accompagnement, mais de nombreux freins périphériques doivent encore être levés pour permettre l’accès à la formation professionnelle et à l’emploi durable : logement, mobilité, garde d’enfants, accès au numérique, apprentissage du français à visée professionnelle, etc. 

Des solutions d’accompagnement multiples et coordonnées

Des solutions sont proposées par une diversité d’acteurs de l’emploi (Maisons de l’emploi, Missions locales, OPCO (4) , organismes de formation…) et de la solidarité (établissements sociaux, associations…) en lien avec les services de l’Etat et les collectivités. Afin de tirer des enseignements de ces différentes méthodes d’accompagnement, le ministère du Travail a lancé, en 2018, le programme « Intégration professionnelle des réfugiés » dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences (PIC). 
Ce programme est mis en œuvre par la Caisse des Dépôts via la Banque des Territoires dans le cadre d’un mandat confié par le Ministère du Travail. Il est constitué de soixante projets pilotes d’une durée pouvant aller jusqu’à 3 ans.
Parmi eux, il est intéressant de distinguer les différents types d’actions mis en place. Certains relèvent davantage de la coordination d’acteurs dans les territoires, souvent impulsées par les services des préfectures. D’autres visent l’accès à la formation professionnelle et la mise en relation avec les entreprises. Enfin, des actions « intégrées » proposent un accompagnement global sur les dimensions sociales, d’hébergement et de formation professionnelle, un modèle déjà expérimenté dans le cadre du programme HOPE porté par l’AFPA.

L’accent mis sur la partie évaluation des projets doit permettre de repérer les solutions les plus pertinentes et d’accélérer leur déploiement, afin de répondre aux besoins des bénéficiaires d’une protection internationale et ainsi favoriser leur intégration professionnelle.

 

FOCUS
Le partage des pratiques pendant la crise sanitaire : 
l’exemple de la démarche de Kodiko

La crise sanitaire a eu un impact considérable sur la mise en œuvre des actions pour l’ensemble des acteurs de l’accompagnement des bénéficiaires d’une protection internationale. Des partages de pratiques ont été spontanément mis en place. Par exemple, l’association Kodiko s’est associée à Simplon, Konexio, Action Emploi Réfugiés, Each One, Aurore et SINGA pour échanger sur le passage à l’accompagnement à distance.
Réunies en groupe de travail, les structures ont présenté les adaptations qui ont été mises en place et valorisé les solutions les plus pertinentes pour poursuivre l’accompagnement de ce public fortement touché par la fracture numérique. Le maintien du lien avec les bénéficiaires, particulièrement vulnérables, était au cœur des préoccupations, ainsi que l’adaptation des contenus d’accompagnement au format numérique. 
Les relations partenariales ont également été un enjeu crucial dans la période, en particulier pour trouver des solutions d’équipement pour les bénéficiaires (mise à disposition de téléphones, ordinateurs, tablettes, clés 4G…).
Ce type d’initiatives repose sur une dynamique d’échanges et de retours sur expérience partagés. Un enseignement important porte ainsi sur la mobilisation des communautés autour des projets (équipe salariés, bénévoles, partenaires…) qui a été un véritable levier pour permettre une adaptation rapide en situation de confinement. 

 

Références :

1. Délégation interministérielle à l’accueil et à l’intégration des réfugiés
2. Haut-Commissariat aux réfugiés France
3. https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F299
4. Opérateurs de compétences