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En 2050, la France devra être capable de séquestrer autant de carbone qu’elle en émet. Cette ambition, inscrite dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) annoncée par le gouvernement, nécessite de doubler les capacités d’absorption actuelles, en passant de 40 à 80 millions de tonnes de CO2  par an. Un défi colossal qui demande une mobilisation massive de l’ensemble des acteurs économiques.

Puits de carbone : l’ambition de la France est-elle réaliste ? 

Cette question est le sous-titre d’une étude sur les puits de carbone réalisée par l'Institute for Climate Economics (I4CE). Qu’elle soit réaliste ou non, de nombreux entrepreneurs se mobilisent pour développer de nouveaux outils afin de transformer cette ambition en réalité concrète et éviter qu’elle ne reste une simple utopie.
En effet, cet objectif ambitieux suppose une transformation profonde de l’économie et de ses modes de production. Pour y parvenir, il ne suffira pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faudra aussi renforcer les capacités de séquestration du carbone, notamment en augmentant les puits naturels que sont les forêts et les sols agricoles.

Entre 2020 et 2025, la France n’a séquestré qu’un quart des 40 millions de tonnes de CO2 initialement prévues par la SNBC. Ce chiffre décevant, loin d’être un simple indicateur, révèle l’ampleur du défi à relever : non seulement les émissions doivent être drastiquement réduites, mais il faut également repenser en profondeur la gestion de nos écosystèmes pour éviter un effondrement de leur capacité de stockage.

La contribution carbone, un levier complémentaire à la réduction des émissions

Dans ce contexte, la compensation carbone – ou, pour reprendre un terme aujourd’hui plus largement accepté, la contribution carbone – apparaît comme un outil essentiel. Son principe est simple : une entreprise ayant déjà entrepris un travail de réduction de ses propres émissions peut amplifier son impact en finançant des projets externes permettant d’éviter, de réduire ou de séquestrer du carbone. En contrepartie, elle obtient des crédits carbone attestant de l’impact réel de son investissement. Contrairement à une approche purement financière, la contribution carbone ne se conçoit pas comme un produit d’investissement à rentabilité immédiate, mais comme un engagement en faveur de l’action climatique globale.

Toutefois, la contribution carbone souffre encore d’une image mitigée. Certains projets, financés à grande échelle, ont été vivement critiqués pour leur manque de transparence et de suivi rigoureux. En réponse à ces critiques, plusieurs États, dont la France, ont décidé de créer leurs propres référentiels. Le Label Bas-Carbone, lancé en 2018, vise ainsi à garantir la rigueur des projets en établissant des standards précis et en imposant un suivi régulier.

Stock CO2 : une approche innovante et multisectorielle pour lutter contre le dérèglement climatique

Parmi les entreprises nées sous l’impulsion de ce label Bas-Carbone, Stock CO2 se distingue par son positionnement. Issue du start-up studio d’Icade et soutenue par la Caisse des Dépôts, cette start-up adopte une approche multisectorielle – elle en est d’ailleurs le leader - là où d’autres acteurs se spécialisent exclusivement sur des projets agricoles ou forestiers. La start-up est aussi le seul acteur issu du monde des entreprises pouvant se targuer d’une très bonne compréhension des enjeux de reporting, de transparence et de communication interne et externe. 

Actuellement, moins de 1 % des entreprises ont recours à la contribution carbone. Cette faible adoption s’explique par la logique même de cette démarche. La contribution carbone est le dernier levier que l’on vient actionner après avoir mis en place et actionné tout un plan de mesure avec la réalisation d’un bilan carbone, la mise en place d’une stratégie d’évitement et de réduction. Dans l’ordre des choses, il faut avoir mis en place le reste avant de pouvoir s’intéresser à cette brique. Sans quoi, elle risque de se limiter à un simple exercice de communication. 

Cependant les perspectives d’évolution sont encourageantes. L’objectif de la SNBC - séquestrer autant de carbone que l'on en émettra, soit doubler les absorptions en passant de 40 à 80 millions de tonnes absorbées par an – devrait créer mécaniquement une demande croissante pour ces solutions.
Face à l’ambition de neutralité carbone, qualifiée de « mission impossible » selon certains observateurs, les initiatives portées par un grand nombre d’entrepreneurs doivent nous rappeler cette vérité essentielle :  chacun de nous, chaque acteur économique, peut et doit apporter sa contribution à la lutte contre le dérèglement climatique et participer à construire une économie véritablement neutre en carbone.


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Depuis 2019, Urban Odyssey, le start-up studio d’Icade, accompagne l’émergence et la création de start-ups à impact, capables de faire bouger les lignes pour la filière. Sa particularité est d’associer incubation, accès au marché et investissement minoritaire au sein d’une même structure. En cinq ans, Urban Odyssey a accompagné la création et le déploiement de 18 start-ups, leur apportant un soutien technique et commercial, en leur ouvrant des marchés et en les rapprochant des leaders du secteur, tout en investissant à leur capital de façon minoritaire, à leur création. L’objectif : dérisquer leurs projets et favoriser leur adoption par la filière pour bâtir la ville de 2050.