La loi du 5 septembre 2018 relative à la liberté de choisir son avenir professionnel offre la possibilité à tout salarié ou demandeur d’emploi de mobiliser librement tout ou partie des droits à la formation acquis lors de son parcours professionnel et versés sur son Compte personnel de formation (CPF). Le lancement consécutif de la plateforme Mon compte formation fin 2019 a soutenu le développement rapide de la consommation de formation professionnelle financée par CPF qui fait plus que doubler entre 2020 et 2021 (voir le QPS-Les brèves 15 de Laurence Jaumont).

La prise en compte du lieu d’habitation des bénéficiaires de formations, identifié par le code postal, permet de caractériser l’espace dans lequel résident les bénéficiaires de formations financées par le CPF du point de vue notamment de son positionnement dans la grille de densité de l’Insee. Il apparaît ainsi que la progression importante du recours à ce dispositif depuis le lancement de Mon compte formation est générale : quel que soit le lieu de résidence, zone urbaine ou zone rurale, le taux de recours des actifs occupés est globalement multiplié par deux entre 2020 et 2021. Derrière cette progression assez homogène, les taux de recours en niveau varient, en moyenne, du simple au double entre les territoires les moins denses et les plus denses. Ils sont particulièrement élevés dans les bassins parisien et lyonnais et sur le pourtour méditerranéen (cf. carte 1).

 

Carte 1. Taux de recours localisé au CPF des actifs occupés en 2021

La relation croissante entre taux de recours et degré de densité apparaît nettement plus marquée pour les actifs occupés, sujets principaux de cette étude, que pour les demandeurs d’emploi. Ainsi, en 2021 dans les zones urbaines, 5,5 % des actifs occupés des espaces denses et 3,6 % de ceux des espaces de densité intermédiaire ont bénéficié d’une formation professionnelle financée par CPF. A l’opposé, dans les zones rurales, ils sont 2,9 % dans les espaces peu denses et 2,2 % dans les espaces très peu denses. Cette hiérarchie des espaces selon le recours au CPF des actifs occupés se vérifie quel que soit le sexe – avec des taux de recours globalement supérieurs pour les femmes (graphique 1) – et l’âge des bénéficiaires – les 25-34 ans recourant davantage que les autres (graphique 2).

 

Graphique 1. Taux de recours des actifs occupés selon le sexe 2021


 

Graphique 2. Taux de recours des actifs occupés selon la tranche d’âge en 2021

Ces écarts de consommation résultent d’abord de spécificités démographiques et socioéconomiques des territoires dans la structure de leurs population (âges, niveaux de diplôme, etc.), dans le dynamisme du marché du travail local (taux de chômage, proportions de non-salariés, etc.) et dans les caractéristiques des entreprises qui les occupent (secteur d’activité, etc.). Au total, ces caractéristiques locales expliquent jusqu’à deux tiers des écarts de taux de recours à la formation entre les territoires les plus denses et les moins denses avec des contributions particulièrement importantes de la composition par professions et catégories socioprofessionnelles et de celle par diplômes.

 

Tableau 1. Les 15 formations les plus suivies par les actifs occupés selon le degré de densité

 

Les formations souscrites dans les zones urbaines sont généralement plus longues et, rapportées à l’heure de formation, plus coûteuses que celles consommées dans les zones rurales. Surtout, l’analyse des formations souscrites montre que la différence de consommation des droits CPF entre espaces denses et très peu denses est relativement concentrée sur quelques certifications. En particulier, une partie importante du plus fort recours dans les espaces denses est ainsi liée aux souscriptions de formations au permis B qui représente 19 % des bénéficiaires des espaces denses contre seulement 3 % de ceux des zones rurales (tableau 1). Plus généralement, alors que le permis B et les formations en langues arrivent en tête du palmarès des formations consommées en zone urbaine, les formations plus immédiatement liées à l’exercice d’un métier précis représentent une part plus importante des formations souscrites en zone rurale.

 

Pour aller plus loin

Vous pouvez retrouver l’étude complète réalisée par Gabin Langevin et Ronan Mahieu sur les Disparités territoriales de recours au CPF dans Questions Politiques Sociales – Les études n°40, ainsi que les données des graphiques et des tableaux sur le site https://politiques-sociales.caissedesdepots.fr/ à la rubrique Publications et statistiques. Y sont disponibles l’ensemble des publications de la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts. QPS – Les études a vocation à faire connaître les résultats des travaux d’études dans l’ensemble des domaines de la protection sociale (retraite, vieillissement, handicap…) et de la formation professionnelle. Elle est complétée par QPS – Les cahiers, qui est une série de documents de travail diffusant des études approfondies, et QPS – Les brèves, qui propose des éclairages statistiques.