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En envahissant l’Ukraine le 24 février 2022, la Russie a déclenché sur le continent européen un conflit d’une rare violence et suscité une réaction immédiate de condamnation de l’Union européenne. Face à cette nouvelle épreuve, l’Europe a rapidement mobilisé les différents moyens d’intervention dont elle dispose, mais elle a également entrepris de revoir sa stratégie à la lumière de la situation géopolitique créée par cette guerre.

Une Europe qui sanctionne

Dès le 24 février, l’Europe a adopté une série de mesures de sanctions individuelles (ciblant nommément des proches du pouvoir russe), économiques (par exemple, des interdictions d’exportation dans certains secteurs) et financières (restrictions d’accès aux marchés de capitaux et aux services financiers européens, interdiction d’investissement dans de nouveaux projets avec le fonds souverain russe…). A ces sanctions se sont ajoutées des mesures de restriction dictées par la situation de guerre (interdiction du survol de l’espace aérien par les transporteurs russes, interdiction de diffuser de certains média russes). La suspension progressive des importations de charbon russe marque une nouvelle étape dans cette politique de sanctions.

Une Europe qui soutient

La guerre provoque l’exode de millions de civils, dont une partie se réfugie dans les pays environnants – au premier rang desquels la Pologne – générant des besoins immédiats en termes d’hébergement d’urgence, de fourniture de biens de premières nécessité et d’accès aux soins, mais également des besoins plus structurels en termes d’emploi, d’accès à l’éducation et à un hébergement pérenne.

Face à cette situation critique, l’Union européenne a activé le mécanisme de protection temporaire, pour la première fois depuis 20 ans : ce mécanisme permet aux personnes qui fuient l’Ukraine d’obtenir un statut temporaire de réfugiés et ainsi de bénéficier d’un visa leur permettant de travailler, d’accéder aux soins et à l’éducation.

L’Union européenne a également renforcé ses aides financières à l’Ukraine et aux pays avoisinants, en introduisant de la flexibilité dans l’affectation des budgets de la politique de cohésion et en décidant notamment de mobiliser 17 milliards d’euros afin d’aider les Etats membres à accueillir les réfugiés ukrainiens, tandis que la Banque Européenne d’Investissement a accéléré l’engagement et le versement de ses lignes de crédit existantes.

Enfin, pour permettre à l’ensemble des Etats membres de soutenir leur économie face à ce nouveau choc, l’Union européenne a adopté un cadre temporaire d’aides d’Etat qui facilite l’octroi d’aides aux entreprises touchées par les conséquences du conflit (notamment les conséquences commerciales ou les effets liés à l’envolée des prix de l’énergie).

Une Europe qui se renforce

Mais au-delà de ces mesures immédiates, c’est sa stratégie que l’Union européenne a décidé de revoir à la lumière de la crise et ce, dès les 10 et 11 mars, lors du Conseil informel de Versailles. La déclaration finale met en avant trois axes majeurs sur le plan stratégique : le développement des capacités de défense européenne, la diminution de la dépendance énergétique de l’Europe et la construction d’une base économique européenne plus robuste.

Les investisseurs de long terme européens face à la guerre

Les institutions financières publiques réunies au sein de l’ELTI (https://www.eltia.eu/), et notamment les 5 grandes (CDC en France, KfW en Allemagne, CDP en Italie, ICO en Espagne et BGK en Pologne), ainsi que la BEI ont adopté une déclaration commune (https://www.eltia.eu/news/803-common-statement-from-european-public-financial-institutions) condamnant l’invasion russe et soulignant leur engagement financier pour faire face aux besoins créés par le conflit.

En cohérence avec leurs missions au service de l’intérêt général et du développement économique, les investisseurs publics de long terme ont déployé trois grands types de mesures : des dons, des aides pour l’accueil des réfugiés et des mesures de soutien financier pour l’économie locale. Ces institutions accroissent également leur soutien au secteur de l’énergie avec pour objectif de renforcer l’indépendance énergétique de l’Union européenne, en cohérence avec les objectifs affichés par la Commission dans son plan RePowerEU.

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