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Avant la mise en œuvre de la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, les dossiers CPF (dits « 1re version du CPF ») étaient très majoritairement intermédiés par Pôle emploi, les régions et les OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés, chargés de collecter les obligations financières des entreprises). À compter du lancement de l’application mobile et du site internet Mon Compte Formation (MCF), le 21 novembre 2019, les dossiers CPF suivent un parcours d’achat direct par le titulaire du compte.
L’année 2020 est marquée par une explosion de la demande : le volume d’achats de formation double par rapport aux années précédentes. Ce dynamisme de la demande de formation se confirme en 2021, avec sur les six premiers mois un nombre de dossiers équivalent à celui de l’ensemble de l’année 2020.
Cette croissance des achats de formation est particulièrement marquée pour les demandeurs d’emploi : ils représentent ainsi 38 % des dossiers financés par le CFP en 2020, contre 32 % en 2019.
Le profil mensuel du volume de dossiers de formation à compter de la mise en œuvre de MCF est assez irrégulier : après une première accélération fin 2019 et début 2020, leur nombre diminue lors du premier confinement. Il repart ensuite très fortement à la hausse au second semestre et ce dynamisme s’amplifie encore au premier semestre 2021, alors même qu’avant 2020 le nombre de dossiers de formation était traditionnellement moins élevé au premier semestre (graphique 1).
Parmi les bénéficiaires de formation financée par le CPF, les demandeurs d’emplois sont plus jeunes que les salariés : en moyenne de 4,3 ans pour la « 1re version du CPF » et 2,6 ans pour ceux passés par MCF. 47 % des demandeurs d’emploi ayant effectué leur achat de formation via MCF ont moins de 35 ans (contre 38 % pour les salariés). De plus, MCF touche davantage les salariés plus âgés.
Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à bénéficier de formations depuis le démarrage de MCF : elles représentent 50 % des dossiers MCF contre 45 % des dossiers « 1re version du CPF ».
Sur l’ensemble des différentes professions et catégories sociales (PCS), la part des non-cadres dans les dossiers de formation a augmenté depuis le lancement de MCF : 81 % contre 72 % auparavant (graphique 2). Les bénéficiaires MCF se révèlent également moins diplômés, ce qui est cohérent avec le fait que les non-cadres ont, en moyenne, un niveau d’études moins élevé que les autres PCS. Ainsi, 40 % des bénéficiaires MCF ont un niveau d’études inférieur au baccalauréat, au lieu d’environ 33 % dans la première version du CPF (graphique 3).
De 2015 à 2019, les domaines de formation les plus plébiscités par les salariés se concentraient surtout sur les langues et dans une moindre mesure les transports. Le parcours d’achat direct semble diversifier la demande de formation en l’étendant davantage au domaine du développement des capacités d’orientation et d’insertion et à celui de l’informatique (graphique 4).
Enfin, les coûts moyens sont globalement moins élevés pour les dossiers MCF (1 200 € en moyenne contre 2 100 € pour la « 1ère version du CPF »). Ceci est à mettre en parallèle avec les modifications des comportements de consommation de formation et de la structure de l’offre suite à la mise en place du parcours autonome. Le choix se porte en effet davantage sur des formations courtes et à distance (effet des confinements successifs), finançables avec les seuls droits CPF.
Retrouver le document complet réalisé par Laurence Jaumont sur « La montée en charge du CPF depuis l’ouverture de la plateforme MonCompteFormation. Quels impacts sur la demande de formation ? » dans Question Politiques Sociales - Les brèves n°9 ainsi que les données des tableaux et graphiques.
Sur la même thématique, est également disponible un premier constat réalisé par Christophe Albert sur « Le recours au Compte personnel de formation par les salariés du secteur privé : quelles évolutions entre 2019 et 2020 ? » dans Question Politiques Sociales - Les brèves n°10 .
QPS – Les brèves est une publication de la direction des politiques sociales (DPS) de la Caisse des Dépôts. Ce format condensé propose des éclairages statistiques sur des sujets liés aux missions de la DPS, accompagnés d’un bref commentaire. Elle est complétée par QPS – Les études qui a vocation à faire connaître les résultats des travaux d’études dans l’ensemble des domaines de la protection sociale (retraite, vieillissement, handicap…) et de la formation professionnelle, et par QPS - Les cahiers qui est une série de documents de travail diffusant des études approfondies.
L’ensemble des numéros est disponible sur le site https://politiques-sociales.caissedesdepots.fr/ à la rubrique Publications et statistiques.